Le grand nombre d'église orthodoxe qui se dressent le long des rues et des avenues des villes russes amène à rechercher quelques éléments d'interprétation de leur fonctionnement.
L'Orthodoxie est née en 1054 de la séparation des patriarcats orientaux de Constantinople, Antioche, Alexandrie et Jérusalem d'avec le patriarcat de Rome. Les Églises orthodoxes représentent dans le monde la troisième confession chrétienne en nombre de fidèles après l'Église catholique romaine et les Églises protestantes.
L'Orthodoxie est une communion d’Églises indépendantes sur le plan de l'organisation et de la discipline et intimement liées entre elles sur le plan dogmatique. Chacune d’elles est dirigée par son propre synode habilité à choisir son primat. Elles partagent toutes une foi commune, des principes communs de politique et d’organisation religieuse ainsi qu’une tradition liturgique commune.
Le visiteur occidental, entrant dans une église orthodoxe pénètre dans un lieu dont la forme et le décor sont entièrement subordonnés à la tradition, où chaque élément a sa signification. Ayant traversé le narthex, il se trouve dans une nef carrée, absolument vide, seuls quelques bancs le long des murs permettent de s'asseoir. (ci-contre et ci-dessus à Kostroma)
La construction et l'aménagement y compris le graphisme des icônes obéissent à des règles communes à l'ensemble de l'orthodoxie. Du côté oriental, une cloison séparant l'autel de la nef prend de l'ampleur à partir du 12ème siècle. Elle supporte les icônes, d'où son nom : Iconostase. Selon les églises, elle peut être relativement basse ou au contraire atteindre la voûte.
Au centre de l'iconostase, la double porte est appelée « Porte Royale » parce que le Christ est entré dans la gloire du Père. A droite, l'icône du Christ qui peut être représenté dans la majesté du « Pantocrator », ou simplement bénissant. A gauche, la vierge Marie présentant l'enfant Jésus. C'est devant cette porte qu'est proclamé l'évangile, qu'est donnée la communion. (ci-contre Souzdal)
Sur les côtés, lorsque l'église est suffisamment large pour les accueillir, des portes à un seul battant, appelées portes diaconales, sont utilisée pour le service : sortie des processions, sorties et entrées du diacre pour les encensements. La porte nord, supportant habituellement l'icône de l'archange Saint Michel, ouvre sur l'espace réservé aux offrandes. La porte sud, supportant généralement l’icône de l'archange Gabriel, ouvre sur la sacristie.
Au dessus de la Porte Royale, la Déisis : le Christ ressuscité trône au centre de l'icône, alors qu'intercèdent à sa droite la Théotokos, la Sainte Mère de Dieu, et à sa gauche saint Jean Baptiste le précurseur. La résurrection du Christ est le thème central de l'Orthodoxie, alors que l'occident est davantage orienté vers la passion et vers la croix.
Les iconostases les plus hautes développent les thèmes bibliques suivant une hiérarchie immuable :
La seconde rangée représente les « douze Grandes Fêtes » de l'orthodoxie, la troisième représente les prophètes, la dernière les patriarches.
Sur un pupitre, en avant de la Porte Royale, l'icône correspondant à la fête dans le calendrier liturgique est offerte à la vénération des fidèles.
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Volgograd – Eglise de Tous les Saints Icone de Tous les Saints sur le pupitre central | détail de l’icone |
L'icône est souvent dite « acheirographon », « non peinte de main d'homme ». Elle ne porte jamais la signature de son auteur. Elle est consacrée lors d'une liturgie particulière qui en fait le signe d'une présence divine, un objet sacré. Elle n'est pas un objet qu'on idolâtre. Elle est la présence d'une personne qu'on vénère. (Le mot icône dérive d'ailleurs du verbe grec είναι être). C'est pourquoi, Elle n'est pas un tableau que l'on regarde, un objet d'art que l'on photographie...
Lorsque les Portes Royales sont ouvertes, au milieu du chœur en forme d'abside semi-circulaire, les fidèles peuvent entrevoir un autel de forme cubique, richement orné, où sont disposés une croix, des chandeliers et une custode en forme d'église.
Les parties inférieures de la nef représentent le monde visible, la coupole et plus encore le chœur sont les symboles du ciel où les anges, les archanges et toutes les puissances célestes adorent inlassablement le Dieu-Trinité. (ci-contre un dimanche à Ribinsk)
Les fresques murales ont un caractère pédagogique en ce que elles reprennent des passages de la vie du Christ. Cela est particulièrement frappant dans les églises anciennes telles celle de Rostov dans laquelle les murs sont superbement ornés de scènes de l'ancien testament. (à droite, Souzdal)
Il n'y a pas d'orgue ou autre instrument de musique. Le chant a une importance particulière dans la liturgie russe orthodoxe. Ils est compris comme prière à part entière. L'utilisation des instruments n'est pas admise dans les Églises russes orthodoxes parce que les instruments ne peuvent prier.
La croix orthodoxe est à trois barreaux, le barreau supérieur représente l'inscription que les romains avaient apposée, le second recueille les bras du supplicié et celui du bas les deux pieds, le demi barreau de droite étant relevé vers le bon larron et vers le ciel tandis que celui de gauche plonge vers le mauvais larron et les ténèbres.
Enfin les fidèles orthodoxes font un signe de croix particulier : les trois doigts joints représentent la trinité et les deux doigts repliés à l'intérieur de la main représentent la dualité du Christ.
Pour terminer... des hommes mariés peuvent être ordonnés. Le prêtre orthodoxe n'a en fait pas le droit de divorcer ni de se remarier, si les prêtres sont mariés c'est parce qu'ils l'étaient avant leur ordination.